Futur Prodige
Depuis l’avènement du MotoGP en 2002, de nombreux rookies talentueux se sont succédé dans le plateau de la catégorie. Jorge Lorenzo, Dani Pedrosa, Casey Stoner, Marc Marquez, Fabio Quartararo, Jorge Martin (j’en oublie) font partie de ceux-là. Tous ont réussi à ravir le titre suprême sauf Pedrosa et Martin (pour le moment). Pedro Acosta figure sans conteste sur cette liste. Dès ses premiers tours de roues au test de Valence en novembre dernier, on a tout de suite su qu’il avait quelque chose de très spécial. Avec deux titres en trois saisons de Grands Prix, il n’y a pas vraiment de risque à affirmer qu’il est amené à faire de belles choses en MotoGP. Au guidon d’une RC16 aux couleurs du team Tech3, rien n’était pourtant acquis pour l’Espagnol. Toutefois, du haut de ses 19 ans, il n’a pas hésité à malmener les ténors de la catégorie dès sa première course à Lusail ; ce dépassement somptueux au bout de la longue ligne droite sur Marc Marquez a clairement affiché les intentions du «requin de Mazarron». Une bagarre qui n’est pas sans rappeler celle de ce même Marquez lors de son arrivée en catégorie reine en 2013 face à Valentino Rossi, le patron aux sept titres MotoGP.
Même si, on peut s’en douter, Acosta trouve cela flatteur d’être comparé à Marquez à ses débuts, il veut marquer l’histoire du MotoGP de sa propre empreinte. Il tient à ce qu’on le compare à lui-même et à personne d’autre. Il commence déjà à inscrire son nom sur les tablettes des records de précocité : plus jeune auteur du meilleur tour en course, plus jeune pilote en première ligne, troisième plus jeune pilote sur le podium en catégorie reine… Il a encore jusqu’au Grand Prix d’Allemagne au Sachsenring pour venir détrôner Marquez de son statut de plus jeune vainqueur en 500/MotoGP. Marquez fait dorénavant partie des plus âgés du plateau et, à l’instar de Rossi il y a 10 ans, il va devoir à son tour composer avec un gamin qui n’hésitera pas à lui voler la vedette quand l’occasion se présentera. Sur ses terres de Jerez, le public n’en avait que pour lui, à scander son nom sur le podium du Sprint, au grand dam de Martin pourtant vainqueur. Même s’il ne parvient pas à gagner cette année, Acosta sera sans nul doute l’un des prétendants à la couronne de ces pro- chaines années. Il est jeune, sympa, marrant, il a un franc-parler et il est doué sur la piste. Il sait s’adresser aux médias comme à son équipe ou à son constructeur. C’est un bon client comme on dit, et c’est justement ce dont le MotoGP a besoin aujourd’hui. Encore « teenager » jusqu’au Grand Prix de Catalogne fin mai, Acosta a déjà de la bouteille et se comporte comme s’il était là depuis des années et pourtant il ne baroude dans le paddock que depuis 2021.
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Thomas Morsellino