Eric Célis
Profitant de la réunion de son réseau à Barcelone pour sa convention annuelle, Kawasaki France, a annoncé la composition de l’équipage de la 11 pour le prochain championnat du monde d’endurance. Ce dernier sera européen avec un Français, un Italien et un Espagnol. Une première depuis plus de 15 ans !
Grégory Leblanc en chef de file
Réintégré l’an passé après ses performances lors des 24 Heures du Mans au guidon de la Kawasaki du Tati Team, Grégory Leblanc est le seul pilote conservé de l’exercice précédent. De Puniet parti et Watanabe remercié, le recordman des victoires aux 24 heures du Mans aura donc certainement le rôle de chef de file afin d’encadrer ses deux nouveaux coéquipiers. Attention, nouveau coéquipier ne veut pas dire plus faible car l’un comme l’autre ont un sacré pédigrée mais l’expérience de Leblanc sera un atout sur lequel l’équipe Franco Japonaise s’appuiera sans aucun doute. Rappelons en effet que tous les succès de Leblanc, 24 heures motos (5 victoires) et Bol d’Or (4) ont tous été signés au guidon de la Kawasaki.
Christian Gamarino transfuge de Louit Moto
Premier des deux nouveaux venus, Christian Gamarino n’est pas un inconnu sur la scène de l’endurance. En effet, il a fait le bonheur cette saison du team Louit Moto, vainqueur de la coupe du monde Superstock. L’italien avait d’ailleurs été pressenti pour prendre le poste de troisième pilote sur la 11 à l’issue d’une édition des 24 Heures Motos particulièrement chaotique en début d’année. S’il connait l’endurance, Gamarino devra en revanche apprendre à gérer la pression et les attentes d’une une écurie officielle. Sur le papier pas de raison d’être inquiet, mais on a déjà vu des pilotes perdre leurs moyens en pareille situation. La principale erreur dans ce cas de figure étant que le pilote veuille « prouver » tout de suite ce dont il est capable.
Roman Ramos attention client
Si l’on parle de vitesse pure, Roman Ramos fait parti des meilleurs pilotes du championnat Superbike Espagnol. Il portera d’ailleurs les couleurs de Kawasaki sur ce championnat en 2024. Pour autant, l’espagnol sera face à sa première saison d’endurance et même s’il a roulé pour le compte du Tati Team aux dernières 24 Heures de Spa et avec efficacité, on ne peut pas considérer qu’il est déjà rodé aux subtilités de la discipline. Il lui faudra donc apprendre certaines ficèles et surtout penser en équipe, ce qui n’est pas toujours le plus facile. Il vaut mieux savoir perdre une seconde sur un tour plutôt que de risquer un accrochage avec un concurrent plus lent et devoir ramener la machine au stand…
Une structure qui doit progresser
Reste maintenant à savoir comment l’équipe Kawasaki Webike Trickstar Japan sera préparée et si elle aura tiré les enseignements d’une première année de fonctionnement chaotique. Après plus de 10 ans aux mains de Gilles Stafler, le team Kawasaki a vécu des moments difficiles en 2023 et ses décisions n’ont pas toujours été comprises. Reste aussi à régler le fonctionnement interne de Kawasaki où les tiraillements entre les représentants de l’Europe et de la France étaient bien perceptibles et, force est de le reconnaitre, ne tirer pas vers le haut la structure. Enfin dernière chose quid du manufacturier pneumatique qui équipera la 11 ? On se souvient de l’imbroglio avec Bridgestone au début de saison 2023 avant le retour de Pirelli puis le choix de rebasculer pour le manufacturier japonais pour l’épreuve de Suzuka avant de revenir dans le giron du fournisseur italien.
S’il reste donc quelques points d’interrogations coté technique, nul doute que le team Kawasaki possède une triplette de qualité pour réaliser une saison solide. Il est d’ailleurs amusant de constater que Leblanc, Gamarino et Ramos étaient tous les trois sur la short liste pour le poste de 3e pilote à l’issue des 24 Heures du Mans en avril dernier…Si Leblanc est arrivé plus vite que ses coéquipiers, les souhaits des décideurs de Kawasaki sont donc exhaussés pour 2024.
