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Essai | Pirelli Diablo Rosso IV : l’entrée du Diable

Chez Pirelli, la gamme Diablo est une institution : Superbike (pneu officiel du WorldSBK), Supercorsa, Rosso Corsa et Rosso (du plus pistard au plus routier) se partagent le segment sportif du manufacturier italien.

La 4e itération du Rosso, nouveauté 2021, se destine principalement aux motards du quotidien, amateurs de virées sportives le week-end et pourquoi pas en quête de premières sensations sur piste.

30°C, les routes sinueuses (souvent poussiéreuses et parfois bosselées) du Vexin, une Aprilia RS660 et le Chevalier de Groland Serges Nuques en ouvreur : telles sont les conditions dont notre pilote maison Thierry Capela a bénéficié pour tenter le Diable.

Mais avant de découvrir ses impressions, prenons le temps de comprendre les évolutions apportées à ce nouveau pneu, voulu comme le plus polyvalent de la gamme Diablo.


Plus sportif

Le Diablo Rosso IV se veut délibérément plus sportif que son prédécesseur. Ceci dans un double objectif :

  • ne pas rouler sur les plates-bandes de l’Angel GT2, la nouvelle référence Sport Touring de la firme (essayée également lors de cette journée dans le Vexin),
  • se rapprocher des sensations offertes par un pneu piste tout en préservant les qualités essentielles à un pneu route (large plage de température de fonctionnement, “prévenance” et polyvalence).

Pour atteindre cet objectif de performance, le Rosso évolue notamment sur deux aspects. 

1/ Le multi-gomme à l’honneur

À l’avant, le Diablo Rosso IV devient bi-gomme. Une technologie désormais très répandue sur les pneus sportifs (avec, en résumé, une bande de roulement résistante à l’usure et des épaulements plus adhérents) mais dont le Rosso III était dépourvu. 

Le Diablo Rosso devient bi-gomme à l’avant…

À l’arrière, le III offrait déjà un concept bi-gomme. Celui reste d’actualité sur le IV – jusqu’à la taille 190/50 ZR 17. Car à partir de cette dimension, on passe au tri-gomme, avec l’apparition d’une gomme racing équivalent SC3 sur les épaulements.

… et propose du bi ou tri-gomme à l’arrière selon les dimensions.

Cette approche mêlant un pneu avant polyvalent à un pneu arrière “sur mesure” permet au Diablo Rosso IV d’équiper une large variété de machines, des “tranquilles” Benelli 752S, Kawasaki Z900 RS (toutes deux en 180/55 ZR 17) ou Honda NC750X (en 160/60 ZR 17) aux virulentes Yamaha YZF-R1, BMW S 1000 RR ou Kawasaki ZX-10R (toutes trois en 190/55ZR17).

2/ Une structure revue

D’un point de vue structurel, le Diablo Rosso IV adopte des cordes et un textile plus rigides permettant de réduire la densité (et donc le nombre) des cordes.

Des cordes plus rigides mais moins nombreuses optimisent le comportement du pneu.

Ce choix technique entend offrir à cette nouvelle version un confort équivalent à la précédente en usage cool, mais une plus grande rigidité à l’attaque, optimisant ainsi le grip, la maniabilité et le retour d’information de l’interface pneu/route.


Le verdict du chrono

Même si le Diablo Rosso IV se destine à un usage routier, Pirelli a mis son nouveau pneu à l’épreuve de la piste en le confrontant à son devancier lors de séances d’essais back to back.

Selon le manufacturier, le IV est ainsi plus rapide de 2,471 secondes sur le long tracé de Pergusa en conditions sèches (meilleur tour en 1’45.060 avec une BMW S 1000 RR) et 1,68 seconde plus rapide sur la courte piste de Vizzola en conditions humides (meilleur tour en 0’36.55 avec une BMW S 1000 XR).

Au final, toujours selon Pirelli, le IV gagne sur tous les tableaux vis-à-vis du III, notamment en maniabilité à rythme soutenu, sans perdre en durée de vie ni en stabilité.


Notre essai

Thierry a pris la mesure du Diablo Rosso IV sur les routes sinueuses du Vexin au guidon d’une Aprilia RS660 – une petite “sportive de route” particulièrement pétillante –, toutes assistances au pilotage désactivées… et sous un soleil de plomb. 

Le matin même, il avait essayé, aux commandes de la même machine, l’Angel GT2. “Ce pneu m’a surpris, admet Thierry. Je m’attendais à un comportement assez “camion”, mais pas du tout : c’est un pneu neutre, qui offre un bon confort sur les routes bosselés, une excellente stabilité au freinage et un niveau de grip irréprochable dans ces conditions. 

Je redoutais le comportement de l’arrière à la remise des gaz, mais même à un rythme soutenu, il se cale bien et procure un grand sentiment de sécurité. Dans les virages serrés, on sent que l’accent a été mis sur la stabilité – notamment à l’arrière. Ses réactions restent quoi qu’il arrive toujours douces, contrôlables ; on ne se fait jamais peur. 

C’est un pneu vraiment agréable pour enrouler à bon rythme. S’il se destine avant tout aux trails et GT sportifs, il devrait également s’avérer un très bon choix pour les propriétaires de gros roadsters énervés, aux châssis parfois presque trop aiguisés et nerveux – avec les grands guidons – pour un usage routier.”

Cette mesure-étalon en tête, le Diablo Rosso IV a pris toute sa mesure. “Tout de suite, le feeling diffère, poursuit Thierry. On sent que c’est une monte plus agressive, qui permet moins d’erreur ; il faut être plus précis, plus dans le pilotage que dans la conduite. 

Mais dans ce cadre, le champ des possibles s’ouvre. Les changements d’angle sont un régal : tu passes d’un côté à l’autre d’une pichenette sur tes appuis. L’avant plonge beaucoup plus vite : si tu déclenches trop tôt, tu arrives trop tôt à la corde. En revanche, si tu as le bon timing, une fois sur l’angle, il tient son cap et permet de garder les freins sans arrière-pensée.

On a vraiment un comportement très vif dans les petits coins, tout en restant très stable dans les courbes rapides – à condition d’avoir de la vitesse et de l’appui ! Il offre – en tout cas sur l’Aprilia – de quoi tordre les suspensions avant de glisser. Sur les bosses, il est moins stable, moins rassurant que l’Angel GT2.

On arrive vraiment à un caractère sportif très affirmé pour un pneu dédié à un usage routier. Et on sent bien qu’on ne peut pas atteindre ses limites sur route – en tout cas, pas sans prendre des risques inconsidérés tant pour soi, pour les autres, que pour son permis.

Ce Diablo Rosso IV est du coup un pneu qui demande plus d’expérience ; plus élitiste que l’Angel GT2. Il conviendra très bien à des motos sportives, avec une position de pilotage portée sur l’avant, mais sera peut-être trop vif pour des roadsters. 

Je pense aussi qu’il permettra à un motard confirmé de s’essayer à la piste sur une journée de roulage, en niveau débutant ou moyen, sans aucun souci. Un habitué des circuits privilégiera le Rosso Corsa (ou le Supercorsa si vraiment il met du gros gaz), mais je suis persuadé qu’il y a déjà de quoi faire avec cette version d’entrée dans la gamme Diablo.”


Infos et tarifs

Vous en savez maintenant davantage sur ce Diablo Rosso IV. Les plus pointus d’entre vous pourront compulser l’ensemble des détails techniques de ce nouveau pneu dans ce diaporama Powerpoint, ou faire un saut sur le site de Pirelli : www.pirelli.com.

Enfin, côté tarifs, sachez qu’un train de Diablo Rosso IV est affiché à partir de 279 € TTC en monte 120/180, 289 € en monte 120 / 190.

See you !

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Rédigé par Sport Bikes

Depuis 2003, Sport-Bikes Magazine constitue le fil rouge de sa carrière professionnelle. Après avoir mené différentes activités professionnelles, toujours dans le monde de la moto et des loisirs mécaniques, Tommy est devenu rédacteur en chef de ce magazine de référence sur le sport moto depuis 2012, avant d'en passer éditeur en 2019. Entre deux shootings photo, essais, interviews, créations graphiques, montages vidéo etc., il couvre le championnat du monde MotoGP, fait du vélo, de la batterie... et de la moto, évidemment !

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