Fabio Qartararo a réalisé une longue interview avant de quitter l’Australie pour le compte d’un média espagnol . Une interview, réalisée en espagnol et dans laquelle il balaye tous les sujets. Sans fioriture, il y fait le point sur le pilote, l’homme et son futur. Instructif
Fabio Quartararo a toujours faim

Après une semaine sur la Gold Coast, le Français affiche une sérénité rare durant cette interview. Pourtant, derrière le sourire, on perçoit que l’envie et la motivation sont toujours là. Depuis son titre mondial en 2021, “El Diablo” se bat avec une Yamaha qui ne suit plus son rythme. Il le regrette mais considère que ces épreuves depuis 2022, lui ont permis de progresser et il avoue même « Je suis meilleur aujourd’hui qu’en 2021 » d’où sa frustration actuelle qui s’exprime parfois par des déclarations plus ou moins maitrisées. Il sait d’où il vient et ce qu’il vaut. Et si la victoire, et plus largement la performance, lui échappe aujourd’hui, la motivation, elle, reste présente.
Fabio Quartararo et Yamaha vers le divorce.

Entre Fabio Quartararo et Yamaha, l’histoire ressemble depuis 3 ans à celle d’un couple en crise. De la passion des débuts à la frustration d’aujourd’hui, la flamme vacille mais personne semble vouloir se dire les choses. Comme il le confie, en 2022, le Français était prêt à partir mais le marché n’était pas propice et il avait finalement prolongé. « Je venais d’être champion du monde et au moment du renouvellement j’étais en tête du championnat » Concernant son dernier contrat, Quartararo explique que l’argent n’a pas été sa seule motivation comme beaucoup l’ont prétendu. Là encore il clarifie les choses. « Mon contrat 2025-2026 n’est pas très éloigné du précédent. Je suis resté car j’étais convaincu que le projet technique pouvait renaître et je voulais aussi démontré que je pouvais revenir au top avec cette machine. » Question d’égo.
Deux ans plus tard, la déception est palpable et la rupture est proche: « J’ai voulu leur donner une dernière chance mais il reste peu de temps, très peu. »
Fabio Quartararo un homme pressé

Voilà pourquoi Fabio Quartararo ne ferme aucune porte et insiste sur un point « Je ne suis pas resté pour l’argent ». Entre les lignes, le Niçois est conscient que son avenir se jouera sur la compétitivité, pas sur les zéros d’un contrat. Il se dit également très respectueux et inspiré par le challenge que Marc Marquez a relevé. De là à sauter le pas. Pour lui, l’Espagnol n’avait plus rien à prouver lorsqu’il a choisi de quitter Honda. De son coté, l’officiel Yamaha assure qu’il a encore beaucoup à faire. C’est pour cela qu’il n’a plus de temps à perdre. Reste que Quartararo n’est pas dupe. Sachant qu’en 2027 les cartes seront rebattues et que les négociations commenceront dès cet hiver. Le marché va être totalement débridé. La quasi-totalité des pilotes se retrouvent en fin de contrat en 2026. Il va donc falloir se positionner rapidement. Mais la question d’importance est la suivante : Est-ce que Fabio Quartararo est le maitre de ce jeu ? Pas sur… même s’il fait totale confiance à son ami et manager Thomas Maubant. « On est des hyènes on ne lache rien »
L’arrivée de Liberty Media

L’autre temps fort de cette interview concerne sa réaction à l’arrivée de Liberty Media à la direction du championnat. Fabio Quartararo n’y va pas par 4 chemins et se montre plutôt critique « Pour l’instant, on n’a rien vu de positif », déplore-t-il. « Ils ne prennent pas assez en compte l problématique des pilotes. Rester en cuir fermé sous 40 degres, comme en Indonésie ce n’est pas respectueux. Il serait bon qu’ils soient capables d’aménager les protocoles en fonction des conditions. » En revanche Quartararo, même s’il ne le formule pas explicitement, semble partager certaines pistes élaborées par Liberty Média. Comme pour le nouvel organisateur du championnat, la Formule 1 reste un exemple à suivre. La Formule 1 dont il a arpenté le paddock à plusieurs reprises et dont il s’est même inspiré pour redéfinir son organisation de travail dans son box. « En Formule 1 l’accès au paddock est hyper restrictif et c’est un privilège. En MotoGP il y a beaucoup trop de monde. Les paddocks sont aussi séparés entre F1, F2 et F3 ». Voilà qui devrait faire réagir à n’en pas douter.
En attendant Fabio Quartararo doit désormais achever cette saison 2025 et l’exercice 2026, avec les armes dont il dispose ou disposera. Ce matin à Sepang il a encore réalisé la meilleure performance des pilotes Yamaha. Huitième de cette première séance, il aura certainement gardé un œil sur les résultats d’Augusto Fernandez avec la Yamaha V4. Avant dernier de cette séance et dernier des pilotes de développement engagés pour ce Grand Prix, l’Espagnol n’a certainement pas apporté une quelconque once de sérénité sur ce projet aux yeux du Français…


