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Johann Zarco a 20 ans, et rêve du titre de champion du monde 125

JOHANN ZARCO Retour vers le futur

A la rédac on a fait du ménage et on a retrouvé d’anciens numéros de Sport Bikes Magazine. Du coup on s’est amusé à relire certains papiers et cette interview de Johann Zarco, âgé de 20 ans à peine, nous replonge 12 ans en arrière.

j’ai eu un déclic quand j’ai vu Vinales gagner au Mans : ça m’a énervé car il est plus jeune que moi (16 ans)

À 20 ans, et pour sa quatrième saison en gp, l’avignonnais d’adoption Johann Zarco est en train d’exploser. Après s’être fait enlever sa première victoire à barcelone sur un dépassement jugé illégal par la direction de course, il est plus déterminé que jamais à se battre pour le dernier titre de la catégorie 125 2-temps. Il y croit et on y croit tous !

Tu te bats maintenant régulièrement aux avant-postes alors qu’on pensait Terol intouchable. Y a-t-il eu un déclic et si oui, quand et comment ?

Déjà, j’ai beaucoup progressé pour régler rapidement ma moto avec mon équipe. Ils savent plus ou moins quels sont les réglages qui me conviennent avant d’arriver sur le circuit et on peut être rapides dès le vendredi, ce qui a comblé l’écart que j’avais en début d’année sur les hommes de tête. Ensuite, je pense que j’ai eu un déclic quand j’ai vu Vinales gagner au Mans : ça m’a énervé car il est plus jeune que moi (16 ans), il arrive et il gagne, puis je me suis dis «Tiens, Terol est plus accessible que je ne le pensais.» Du coup, à Barcelone, j’étais décomplexé.

Qu’as-tu ressenti quand tu t’es retrouvé pour la première fois en tête d’un GP puis en passant la ligne d’arrivée premier à Barcelone ?

Lorsque Terol m’a fait signe de passer, je me suis dit qu’il ne fallait pas que je rentre dans son jeu. Ça m’a fait tout bizarre de me retrouver en tête du GP et ça m’a même crispé car j’avais peur de faire des erreurs. Du coup, mes chronos ont un peu baissé et il m’a repassé. à Silverstone, en revanche, quand je suis passé deux fois en tête du GP, j’étais beaucoup moins tendu. J’ai franchi un cap en menant la course et en étant décontracté. Je vois souvent les gars qui gagnent brandir le poing et s’exciter sur leur moto. Je me disais que je ne ferais jamais ça… et c’est exactement ce que j’ai fait ! C’était très fort, surtout à Barcelone, un circuit qui a souvent réussi aux Français, d’autant que je ne pensais pas du tout arriver à m’imposer ici.

Sport Bikes magazine n°11 - Zarco

En quelques minutes, tu es passé d’un moment de joie intense à une déception énorme. Comment as-tu réagi quand tu as appris ta pénalité ?

J’étais donc super content et juste avant d’arriver au parc fermé, une personne de l’IRTA m’arrête et me dit qu’il y a peut-être une pénalité. Sur le coup, je suis inquiet, puis il me dit que c’est bon, je gare ma moto à la place du vainqueur et je saute dans les bras de mon équipe. Mais au moment où une télévision italienne m’interviewe, j’apprends ma pénalité de vingt secondes. Là, j’étais dégouté. Mais je suis resté calme, je n’ai pas pleuré de colère, et je suis arrivé à bien expliquer ce qu’il s’était passé. Ce qui m’a fait plaisir, c’est que tout le paddock m’a soutenu en me disant que j’avais gagné.

Si tu avais une seconde chance pour refaire ta manœuvre dans ce dernier virage, comment t’y prendrais-tu ?

J’y ai réfléchi, et je me suis dit que j’aurais peut-être dû rester un peu plus sur les vibreurs et que le simple fait qu’il touche la terre l’aurait fait ralentir suffisamment pour que je gagne. Mais peut-être que ça n’aurait pas suffi et que j’aurais fini deuxième. Je pense que si je me retrouvais dans la même situation, j’agirais à l’identique, même si ça doit faire une polémique. Pour moi, c’est la course, on l’aime comme ça. Ce n’était pas une action kamikaze.

Johann Zarco, ta pénalité a divisé le paddock. As-tu ressenti un soutien de la part des pilotes ?

En arrivant à Silverstone, je suis allé faire quelques tours de piste en vélo. J’ai croisé Hayden qui m’a félicité et on a discuté comme si c’était un copain depuis dix ans, puis Crutchlow m’a rattrapé et m’a doublé en vélo en me donnant un coup de coude et un clin d’œil. C’est sympa quand ça vient des pilotes MotoGP car ce sont encore mes idoles. Les Italiens m’appellent même le Simoncelli français et ça me fait plutôt plaisir ! Je me sens soutenu et plutôt dans le bon sens, pas comme si j’avais fait quelque chose de mal.

Comprends-tu la décision de la direction de course, et penses-tu que cela va désormais changer la physionomie des courses ?

Non, je ne l’ai toujours pas digérée, et je pense que je ne vais pas la digérer de l’an- née. Mais tant mieux, ça me donne encore plus faim pour bouffer mes adversaires espagnols (rires) ! Pour se battre en tête, il faut avoir une mentalité de combattant. Si tu commences à prendre des pincettes et à réfléchir pour doubler, tu ne peux pas gagner.

Crois-tu en tes chances de titre cette année ?

Oui, j’y pense, mais sans le crier sur les toits ! D’ailleurs, j’ai préféré assurer 20 points en course à Silverstone, plutôt que de prendre des risques inconsidérés pour gagner. Du coup, ça m’a bien remonté le moral de repasser troisième au championnat.

Penses-tu que Terol est battable ?

Je pense que la victoire de Vinales au Mans, puis le fait que je sois là à Barcelone et de nouveau à Silverstone ont un peu déstabilisé Terol. D’ailleurs, il ne finit que huitième en Angleterre sous la pluie, puis il chute deux fois à Assen. Le but est de lui mettre la pression pour qu’il se sente fébrile, même s’il reste le favori. Je pense qu’Aspar veut absolument le dernier titre 125, et ils fournissent le maximum pour l’avoir. Mais même si sa moto est une balle (c’était flagrant à Barcelone), je sais que je peux me battre pour la victoire avec la mienne. Maintenant, je dois viser le P1 à chaque séance, la victoire ou le podium à chaque course.

Quels adversaires redoutes-tu le plus après lui ?

Bien qu’il découvre la plupart des circuits cette année, je pense que Vinales sera toujours là : il est très propre, il va très vite. Ensuite, il y a Efren Vazquez, mon coéquipier : il est rapide et teigneux, même s’il est un peu moins constant. Je me méfie aussi de Hector Faubel, qui a beaucoup d’expérience et qui peut revenir, et de Jonas Folger.

Bien qu’il découvre la plupart des circuits cette année, je pense que Vinales sera toujours là : il est très propre, il va très vite

Quels sont tes points forts face à tes rivaux ?

Déjà, mes entraînements sur ma 125 YZF m’aident beaucoup car tout l’hiver, j’ai appris à rouler dans toutes les conditions (froid, pluie, séchant) avec mes pneus de GP, ce qui m’a permis de coller 2,7 secondes au deuxième lors de la seconde séance libre sous la pluie à Silverstone. D’habitude, je suis sérieux, mais là, ça m’a fait rigoler sous mon casque ! Je m’entraîne à aligner des tours chronos rapides, sans tomber, ce qui me permet d’être régulier sans prendre trop de risques. Mon chef mécano et Laurent me disent que je suis très fluide sur la moto et je pense que c’est un point positif, car si je rajoute un peu d’agressivité, ça peut vraiment me faire aller beaucoup plus vite. Le fait d’aller déjà vite sans avoir à violenter la moto me laisse encore une marge de progression, en plus d’économiser les pneus.

Et dans quel domaine dois-tu encore travailler ?

Même si je pense être bien en entrée de virage, il faut que j’arrive à régler ma moto pour avoir encore plus de vitesse en virage. J’ai les données de Marquez l’an dernier et il faudrait que je passe entre 5 et 7 km/h plus vite en virage. Ça fait encore plus économiser les pneus car au plus on passe vite, au moins on a à accélérer fort en sortie.

Comment vois-tu la suite ? Moto2 ou Moto3 l’an prochain ?

J’aimerais aller en Moto2, car j’aurais peur de perdre une année en Moto3. Il y a le risque d’essuyer les plâtres de cette nouvelle catégorie, d’une nouvelle moto. En plus, le Moto3 devrait aller moins vite que la 125, et la marche pour passer en Moto2 sera encore plus grande. La priorité est de trouver une très bonne équipe technique pour passer en Moto2, car maintenant qu’on y a goûté, on se rend compte à quel point c’est important. Mais pour pouvoir bien négocier, il faut arriver en position de force.

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Rédigé par Jonathan Debat

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