Eric Célis
Le Yamalube YART Yamaha EWC Official Team entame de la meilleure des façons sa saison 2025 du Championnat du Monde d’Endurance FIM. Une victoire acquise au bout du suspens suite à la chute de la Kawasaki Webike Trickstar dans la dernière heure de course alors qu’elle menait l’épreuve.
La cruelle loi de l’endurance pour Kawasaki
Leader depuis la huitième heure, la Kawasaki Webike Trickstar avait, en dépit d’une chute en fin de matinée de Mike Di Méglio, su préserver son leadership. Elle semblait donc bien partie pour offrir au constructeur japonais sa première victoire en EWC depuis 2019. Mais le retour de la pluie a totalement transformé la fin de course et couper court aux espoirs des « verts ». Après un arrêt pour chausser des pneus pluie, Román Ramos repartait des stands en tête avec moins de deux minutes d’avance. Malheureusement, il partait à la faute au virage du Raccordement, l’un des plus lents du Circuit Bugatti (4,185 km), et finissait sa glissade dans le bac à gravier. Ironie du sort, l’Espagnol chutait dans le même virage que Marvin Fritz sur la Yamaha YART avant même la fin du premier tour de course samedi.
Deuxième à moins d’un tour de la YART Yamaha
Obligé de repasser par les stands là où Fritz avait pu repartir sans dommage majeur, Ramos perdait environ 5 minutes permettant à la YART Yamaha de prendre deux tours d’avance. Mais le suspens rebondissait lorsque Karel Hanika en délicatesse avec l’écran de son casque devait repasser par son stand pour finalement laisser le guidon à Marvin Fritz pour la dernière heure de course. Après une hésitation, la 7 repartait en piste. La Kawasaki, aux mains de Mike Di Méglio réduisait l’écart à environ 1’30’’. Un écart finalement presque ridicule au regard du bras de fer que se sont livré les deux équipes durant la grande majorité de l’épreuve.
Une chute qui fait mal
Au final, alors que l’on pensait la Kawasaki Webike Trickstar partie pour aller chercher un succès Mike Di Méglio se faisait piger par une tache d’humidité au virage de la Chapelle alors que son équipe comptait 3 tours d’avance sur la Yamaha. Le temps de la réparation cette dernière revenait dans le sillage de la Kawasaki mais les 3 pilotes Kawa résistaient et rendaient coup pour coup au trio de la Yamaha. La pluie de retour rajoutait une dose supplémentaire de pression sur les épaules des deux structures. Rentrée plus tôt que la Kawasaki pour ravitailler, la Yamaha allait devoir refaire un arret supplémentaire pour rechanger de monte pneumatique et passer en pluie. Roman Ramos sur la Kawasaki parvenait à poursuivre en slick jusqu’à la fin de son relais. On pensait le coup parfait mais deux tours plus tard la froide cruauté de l’endurance, rattrapait l’Espagnol au virage du raccordement….
Le YART Yamaha 16 ans après
La Kawasaki de nouveau de retour au stand la Yamaha du YART s’emparait des commandes de la course alors qu’il restait moins d’une heure à parcourir. Avec presque deux tours d’avance, la messe était dite. L’équipe autrichienne s’imposait pour la deuxième fois de son histoire en terre sarthoise 16 ans après son premier succès. Cette victoire marque aussi le premier succès en championnat du monde d’endurance EWC pour l’Australien Jason O’Halloran, nouvelle recrue de YART en 2025. Elle est aussi un superbe cadeau d’anniversaire pour Marvin Fritz qui fêtait ce dimanche ses 32 ans. Karel Hanika, quant à lui, devient le premier pilote Tchèque à remporter cette épreuve mythique.
« C’était la course la plus folle que j’ai jamais disputée en endurance, » déclarait Fritz. « C’est la première fois que j’ai de la pluie au Mans, et même si ce n’était pas constant, les conditions étaient très piégeuses. Je suis tombé deux fois, mais nous avons eu de la chance. La moto, les pneus, tout le package était au top, et mon équipe a fait un travail fantastique. Cela faisait longtemps que nous attendions cette victoire. C’est ma neuvième année au YART, j’ai fini quatre fois deuxième ici et une fois troisième. On est souvent passé très proche ; c’était un long rêve pour moi et pour toute l’équipe. »
Une BMW peut en cacher une autre
Derrière les deux animatrices de cette 48e édition, on retrouve sur la dernière marche du podium la BMW numéro 6 du team ERC Endurance qui effectuait son grand retour dans le championnat après un an d’absence. Cette équipe qui avait fait rouler précédemment des Ducati a finalement damé le pion à la moto officielle du constructeur allemand la numéro 37 qui termine quatrième. A l’inverse de sa « cadette » la 37 est allé elle aussi tâter du bitume par deux fois et a été victime d’une rupture d’un collecteur d’échappement en milieu de matinée dimanche, offrant dans cette mésaventure la dernière marche du podium à la 6.
150 chutes enregistrées un record
Outre ce bras de fer, cette 48e édition des 24 Heures Motos aura aussi été marquée par une météo très compliquée et une piste rendue très délicate par les averses successives. Un tracé Bugatti qui aura enregistré un triste record avec pas moins de 150 chutes durant les deux tours d’horloge. Sur les 53 motos au départ seules 10 n’auront pas connu cette mésaventure. Parmi les victimes il faut signaler notamment les 6 chutes de la Suzuki du Yoshimura SERT Motul et les 5 de la Honda FCC TSR Honda France Motul qui faisaient figure de prétendantes logique à la victoire finale ou du moins au podium. La dur loi de l’endurance….
