Le rôle de pilote d’essais n’a jamais été aussi important qu’aujourd’hui. Les courses s’additionnent, les essais se réduisent et le règlement technique multiplie les restrictions. Alors que chaque nouveauté va avoir une influence, bonne ou mauvaise, sur la machine, il est primordial de bien choisir son « test rider ».
Jamais le rôle des pilotes d’essai MotoGP n’a été aussi crucial qu’aujourd’hui, en partie car les tests sont de plus en plus restreints pour les pilotes de la catégorie reine. Ce n’est pas le cas des pilotes d’essai et de leur équipe de test (test team), qui ont pour seule limite un quota de 200 à 240 pneus pour l’année 2023. En conséquence, ils réalisent la majorité du travail de développement. Il est donc préférable que le pilote de test soit un minimum performant et expérimenté.
Seuls les constructeurs/équipes officielles MotoGP (comme Honda Repsol) ont des pilotes d’essai. Les équipes satellites (tel que Honda LCR) n’en possèdent pas puisqu’elles ne fabriquent pas leurs propres motos. La majorité des « test riders », si ce n’est aujourd’hui tous, sont d’anciens pilotes de Grand Prix ayant plus ou moins longtemps roulé en catégorie reine. Parmi eux on retrouve la légende Dani Pedrosa qui travaille pour KTM, ou bien Katsuyuki Nakasuga, pilote moins connu, œuvrant dans l’ombre pour Yamaha en compagnie de Cal Crutchlow.
Effectivement, il est possible qu’un constructeur ait plusieurs pilotes d’essai. KTM en possède trois (Mika Kalio et Jonas Folger travaillent avec Pedrosa).Honda, Ducati et Aprilia ne font appel qu’à un seul pilote, respectivement Stefan Bradl, Michele Pirro et Lorenzo Savadori.
Leur rôle est d’essayer, accompagné de l’équipe de test, une multitude de pièces : éléments aérodynamiques, échappements, châssis, bras oscillant, moteur, etc. Tout ce qui va être susceptible d’améliorer les performances des prototypes sera expérimenté. Suite à ses roulages le pilote décrit ses sensations à l’équipe, comme le fait un pilote officiel lors d’un week-end de course.
Le test rider à un rôle de capteur, ce qui très complexe.
Il doit être concentré pour bien saisir les sensations et savoir comment se comporte la moto à l’accélération, au freinage, sur les changements d’angle, etc. Par la suite les commentaires du pilote sont comparés aux données des nombreux capteurs présents sur la machine. Une fois ces données acquises le test team les envoie à l’usine qui se chargera d’apporter les modifications nécessaires. Si une pièce se veut efficace elle parviendra aux pilotes officiels, libre à eux ensuite de la conserver ou pas.
Les équipes de tests peuvent se rendre sur trois circuits du championnat du monde durant la saison (hors week-end de course et hors pause estivale /hivernale). Elles peuvent rouler lors des essais officiels (post GP, essais hivernaux, etc.) et lors d’essais privés, qu’elles organisent elles-mêmes. Elles ont également la possibilité de rouler en tant que « wild-cards ». Ces dernières offrent l’occasion de participer à un week-end de course, et ce à trois reprises durant la saison, sans compter les remplacements. Les wild-cards vont permettre d’expérimenter des pièces (hors moteur) en conditions course, qui sont bien plus exigeantes que celles des essais, évitant ainsi de faire essayer de nouvelles choses aux pilotes officiels risquant de perturber leur week-end.
Le pilote d’essai a aussi un rôle de remplacement lorsqu’un titulaire est absent. On a de multiples cas cette année, suite aux nombreuses blessures de ce début de saison. Pour donner quelques exemples : Bradl a remplacé Marc Marquez dans l’équipe officielle Honda, Jonas Folger a pris le guidon de Pol Espargaro chez GasGas Factory.
Le rôle du pilote d’essai est de plus en plus mis en avant avec l’arrivée de grands noms des GP en tant que tel. Le rapprochement des performances des machines permet aussi de saluer le travail effectué par ces ouvriers de l’ombre. Les test riders sont plus performants que jamais à une époque où le MotoGP l’est lui aussi.
Maël Roy