L’affaire était dans les tuyaux depuis un certains temps, elle est désormais quasi officielle. Liberty Média, le promoteur de la Formule Un, va se porter acquéreur du championnat du Monde MotoGP pour la coquète somme de 4 milliards d’euros.
Liberty Media accord avec la Dorna
Les tractations duraient depuis de nombreux mois et on pensait même que l’affaire pouvait presque capoter tant cela devenait long à finaliser. Mais finalement, même si l’annonce n’est pas encore officielle, la Dorna devrait bien vendre le championnat du monde des Grand Prix moto au promoteur américain Liberty Média. Pourquoi ces dernières inquiétudes ? Tout simplement car en Europe, l’autorité peut s’opposer à ce genre de montage pour position dominante. Ce fut déjà le cas dans le passé lorsque CVC s’était porté acquéreur des droits de la F1 et des GP Motos avant d’être contraint par l’autorité européenne de se séparer d’un des deux championnats. Nous étions alors en 2006. Aujourd’hui, il semble que personne ne s’oppose à cette opération financière du coté de Bruxelles, même si on peut s’attendre à une réaction lorsque la signature sera officialisée, et l’annonce de la vente à Liberty Média par Dorna devrait être effective au moment du Grand Prix des Amériques à d’Austin mi avril.
Liberty Média veut dynamiser le MotoGP
Le nouveau propriétaire devrait très rapidement amener des changements dans l’organisation des Grand Prix à l’image de ce qu’il a réalisé sur le plateau de la Formule 1 depuis son rachat en 2017. Même si actuellement le MotoGP a entamé une remise en question avec l’apparition de la course sprint le samedi , la parade des pilotes le dimanche et une fan zone pour que les spectateurs soient au plus près des acteurs du championnat, Liberty Média veut aller encore plus loin. On sait déjà que le calendrier sera étoffé et que le continent nord américain devrait très rapidement accueillir un deuxième Grand Prix sur son territoire. Retour à Indianapolis ou Laguna Seca voire Homestead à Miami, les pistes sont encore à l’étude et pour l’heure rien n’a filtré. On sait également, et c’est un serpent de mer qui remonte à la surface régulièrement, que Liberty Média rêve de pouvoir réunir les deux disciplines F1 et MotoGP sur un week-end commun. Si grâce à ce rachat la visibilité de la moto auprès du grand public devrait y gagner, il ne va pas falloir pour autant que Liberty Media réalise n’importe quoi.
Liberty Média : les limites du système
Car si Liberty Média a réussi le retour en grâce de la Formule 1 et relancé un certain intérêt sur cette catégorie, les deux mondes ne sont pas vraiment identiques. Le calendrier de la F1 compte aujourd’hui 24 Grand Prix à son calendrier contre 21 au MotoGP. Les équipes de ce dernier ont déjà tiré la sonnette d’alarme en alertant sur le fait que l’on touchait aux limites du système avec une saison s’étendant de mars à novembre. L’extension du calendrier pourrait avoir des conséquences néfastes sur les équipes notamment en terme de budget, sachant que beaucoup sont déjà à la limite du supportable. N’oublions pas que les budgets engagés en Formule 1 sont incomparables avec ceux du MotoGP. S’il existe une sorte de salary cap en F1 où les équipes ne peuvent investir plus de 45 millions de dollars, le budget opérationnel est pour sa part plafonné à 135 millions mais qui avec quelques « astuces » permet aux plus grosses écuries (Mercedes Ferrari et Red Bull) d’un peu plus tripler ce plafond. Des chiffres qui font tourner la tête coté deux roues où les plus gros budgets des équipes MotoGP, tournent autour des 100 millions ce qui est déjà considérable. Outre la question budgétaire, il est aussi impossible de passer sous silence les contraintes humaines que cette extension imposerait.
Bref il va donc falloir attendre l’annonce officielle et les premières annonces de Liberty Média pour voir à quelle sauce le MotoGP va se faire « manger ». En attendant Carmelo Espeleta détenteur de 22% des droits n’aura lui aucun problème de budget pour les prochaines années…