Eric Célis
On arrête plus Nicolo Bulega. Impressionnant durant les tests de fin de saison passée puis détenteur du record absolu mais non officiel du circuit de Jerez la semaine passée en Andalousie, le nouveau pilote officiel Ducati a encore bousculé la hiérarchie lors du premier roulage de Portimao. Certains vont commencer à grincer des dents.
Portimao le test vérité
En essayant de garder la tête sur les épaules et ne pas céder au triomphalisme primaire, on pouvait se dire en constatant les résultats de Nicolo Bulega à Jerez la semaine passée que la performance était certes impressionnante mais pas non plus exceptionnelle sachant que le tracé Andalou avait déjà accueillit les tests de fin d’année et que donc Bulega était en terrain connu. De plus, Jerez est réputé pour être un circuit où il faut garder de la vitesse de passage. Notamment dans toute la partie de retour derrière les stands. On peut donc en déduire que Bulega était plutôt dans son élément lui qui sort du Supersport mondial et qui n’est pas encore à 100% à l’aise au guidon de la Ducati V4-R de Superbike réputée comme étant la plus puissante du plateau. Aussi beaucoup l’attendait sur le tobogan de l’Algarve à Portimao où l’Italien aurait certainement plus de mal à maitriser la puissance de sa nouvelle monture.
Bulega seul sous les 1’40
Mais voilà, l’Italien qui à Jerez au terme de la deuxième journée se disait enchanté du feeling avec sa machine a récidivé au grand désespoir de ses adversaires et s’est même offert le luxe d’être le seul pilote de cette première journée à passer sous la barre des 1’40’’ au tour ce qui est déjà une sacrée performance avec un chrono en 1’39’’932. Pour rappel le record du tour de Jonathan Rea a été établi en 2022 en 1’39’’610. Bulega était donc très proche d’effacer de nouveau des tablettes le nouvel officiel Yamaha. Désormais la question que tout le monde se pose est celle de savoir si Bulega va être en mesure d’être aussi performant que cela sur tout les circuits et surtout pour sa première saison dans la catégorie reine du championnat.
Bautista encore trop juste
Pour l’heure cette question ne se pose certainement pas chez Ducati car on est certainement ravi au sein du Team Aruba.it de voir Bulega performer alors que Bautista semble encore loin d’avoir retrouver son plein potentiel. En effet, l’Espagnol victime d’une chute sur l’épaule en fin de saison avait trainé cette blessure jusqu’au terme des essais post saison avant de se faire opérer. De fait, il n’a pu se préparer physiquement comme il l’aurait souhaité et peine à retrouver son plein potentiel au guidon de la Ducati qui l’a mené par deux fois à la couronne mondiale. Pour ne rien arranger, Bautista doit aussi composer avec la nouvelle réglementation qui lui impose de lester sa machine de 5 kilos. Un lest sur lequel l’équipe travaille d’arrache pieds afin de le rendre le plus neutre possible dans le comportement de la moto de Baustista. Et autant dire qu’à Portimao l’importance de la répartition des masses est cruciale. Huitième au soir de la première journée Baustista semble toutefois un peu plus performant.
Razgatlioglu de plus en plus à l’aise
Performant lui aussi l’est également au guidon de sa nouvelle machine. En effet, Toprak Razgatlioglu est de nouveau en haut de la hiérarchie au guidon de sa BMW en terminant juste derrière Bulega. Le Turc a semble t’il trouvé la direction dans laquelle il veut faire évoluer sa monture. Une BMW qui a reçu à Portimao un nouveau bras oscillant, des améliorations moteur et un nouveau package aérodynamique. S’il lui reste du travail a effectué au freinage Toprak semble s’être très rapidement adapté à la S1000 RR et devrait être aux avants postes pour le premier rendez vous de la saison en Australie. Michael Van Der Mark son coéquipier a réalisé le septième chrono de la journée alors que du coté du team satellite Bonovo, Gerloff et Scott Redding terminaient hors du top 10 avec respectivement les 12e et 15e chrono du jour.
Rea se rapproche
L’autre pilote qui focalise l’attention c’est bien sur Jonathan Rea au guidon de sa nouvelle machine la Yamaha R1 du team officiel. S’il s’est employé pour réaliser le 3e temps de la journée à 148 millièmes de Bulega, la performance de Rea démontre que lui aussi, à l’image de Razgatlioglu a trouvé la bonne direction pour « dompter » sa nouvelle monture. Visiblement le nouveau bras oscillant qui lui avait donné satisfaction lors du deuxième jour de Jerez a semble t’il fait bouger les lignes et Rea n’hésite pas à considérer qu’il a trouvé le package pour entamer la saison. Toujours chez les bleus il faut également noter le bon tir groupé des Yamaha avec Remy Gardner 4e et Locatelli le coéquipier de Rea en 5e position.
Pas la joie chez Honda, mitigé chez Kawasaki
Une satisfaction générale qui contraste furieusement avec le sentiment général de l’équipe Honda. La nouvelle CBR 1000 RR peine à dévoiler ses améliorations et chez le premier constructeur mondial on a du mal à cacher sa déception. Pour autant personne ne baisse les bras et la neuvième place de Xavi Vierge si elle n’appelle pas à l’exubérance, permet au moins de constater un regain de forme qui on l’espère pour les rouges se traduira par une nouvelle amélioration au soir du deuxième jour. Une tendance que l’on retrouve un peu chez Kawasaki où Alex Lowes semble avoir des problèmes pour retrouver le haut de la hiérarchie. Détenteur d’un nouveau bras oscillant, le britannique travaille toujours sur le grip à l’accélération alors que dans le même temps Axel Bassani tente de trouver ses marques au guidon de la Kawasaki.
Les outsiders à la peine
Ce premier roulage à Portimao a également fait des dégâts dans les rangs des outsiders. Si le nouveau venu Sam Lowes au guidon de sa Ducati peut sourire avec son sixième temps pour les autres c’est soupe à la grimace pour tout le monde. Rinaldi, Redding Petrucci et Iannone se tiennent dans un mouchoir de poche mais entre la 13e et la 18e place de la hiérarchie. Pas de quoi soulever les foules. Andrea Iannone pour sa part a passé la journée à se battre avec la géométrie de sa Ducati sur le tobogan de Portimao. Quant à Philip Ottl, le pilote du GMT 94, il termine cette première journée avec le 21e temps juste derrière Tito Rabat.
