Alex Desbouis
Jorge Martin : l’ascension d’un guerrier
Un gamin de Madrid, une arrogance (dans le bon sens du terme) assumée, un mental d’acier. Jorge Martin n’a pas seulement conquis le titre MotoGP 2024, il l’a arraché avec une précision chirurgicale et une intelligence de course redoutable.
Dix victoires, quinze deuxièmes places, une stratégie implacable : celle de marquer plus de points que les autres, sans jamais forcer le destin. Finir premier ? Oui, mais seulement si c’était possible sans risquer le pire. Cette approche lui a permis de dominer Pecco Bagnaia et d’inscrire son nom au panthéon du MotoGP.
Son parcours ? Une guerre permanente. Blessé, bousculé, jamais abattu. De la Red Bull Rookies Cup aux sommets de la catégorie reine, il a tout sacrifié pour en arriver là.
Jorge Martin a offert à l’équipe Pramac son premier titre (pilote) en MotoGP, laquelle a quitté Ducati pour rejoindra Yamaha.
Une trajectoire fulgurante vers le sommet
Jorge Martin est devenu le 30e pilote à remporter le titre MotoGP et le 27e champion du monde espagnol en Grands Prix. Il est également le troisième pilote Ducati sacré en MotoGP, et seulement le sixième pilote issu d’une équipe indépendante à décrocher le titre suprême en 76 saisons. Avant lui, seuls Kenny Roberts, Marco Lucchinelli, Franco Uncini, Eddie Lawson et Valentino Rossi avaient accompli cet exploit.
Il est également le deuxième champion madrilène après Ángel Nieto, légende des petites cylindrées. Comme lui, Martin s’est forgé une mentalité de combattant, prêt à tout pour s’arracher de l’anonymat et atteindre les sommets.
Un style agressif mais réfléchi
Dans ses premières années en MotoGP, Martin était connu pour son audace, mais aussi pour son excès de confiance. En 2021, après avoir décroché une pole et un podium dès sa deuxième course, il s’est présenté au Grand Prix du Portugal persuadé d’avoir tout compris. Résultat : une chute violente, de multiples fractures, un traumatisme crânien et des semaines de convalescence qui ont failli le pousser à abandonner.
Mais la version 2024 de Martin, surnommée « Martinator.2 », a montré un tout autre visage. Son approche a changé : au lieu de jouer son va-tout à chaque course, il a su accepter de finir deuxième pour engranger les points nécessaires au titre. Une transformation qui lui a permis de triompher face à Bagnaia, dont les nombreuses erreurs lui ont coûté cher.
Une bataille psychologique avec Bagnaia
« Pour finir premier, il faut finir deuxième. »
Une formule qui résume parfaitement son championnat. Bagnaia a gagné plus de courses, mais Martin a aligné les podiums avec une constance diabolique. Il a terminé quinze fois deuxième, contre une seule fois pour Bagnaia, ce qui lui a permis de compenser le déficit en victoires.
Ce n’est pas une critique, mais une leçon de gestion de championnat. Pendant que Bagnaia accumulait les chutes (sept au total, lui coûtant potentiellement 103 points), Martin est tombé trois fois seulement, ne perdant que 62 points. Bagnaia n’a pas perdu le championnat parce qu’il était lent, mais parce qu’il a ramené trop de gravier dans son carénage.
Martin, un pilote au mental de boxeur
Jorge Martin ne cache pas son état d’esprit de guerrier. Il s’identifie aux combattants, et cela se voit jusque dans ses tatouages. Sur son bras gauche, il porte une citation de Conor McGregor :
« Nous ne sommes pas seulement là pour participer, nous sommes là pour prendre le dessus. »
Une phrase qui résume toute sa carrière. Il n’a jamais été le favori, mais il a toujours su s’imposer là où personne ne l’attendait.
Il compare d’ailleurs chaque course à un combat :
« J’ai l’impression que la course est une guerre — c’est comme aller au combat. Je pense que j’ai une mentalité de tueur. »
Et maintenant ?
Jorge Martin a gravi l’Everest du MotoGP. Mais rester au sommet est encore plus difficile que d’y arriver.
La saison 2025 s’annonce comme un immense défi. Si Aprilia parvient à tirer le meilleur de ses pneus Michelin, Martin pourrait encore jouer les premiers rôles. Dans le cas contraire, la lutte sera rude.
Retrouvez l’histoire complète de Jorge Martin, son ascension et les coulisses de son sacre dans le dernier numéro de Sport Bikes !
