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Toprak Razgatlıoğlu : l’interview

Toprak Razgatlıoğlu

“Voici un homme au centre de l’attention, et pas seulement à cause de son style de pilotage toujours plus démentiel. Le champion du monde WorldSBK 2021 est aussi en quête d’une nouvelle couronne face à un adversaire imbattable et, contre toute attente, a décidé de délaisser le MotoGP et Yamaha pour signer avec BMW en 2024. On a donc voulu clarifier cette situation avec Toprak Razgatlioglu.

Toprak, un mot pour décrire ce début de saison ?

Keep fighting !

Tu multiplies les podiums, mais la compétition n’est pas évidente face à Alvaro Bautista…

Oui, cette saison est très difficile. Alvaro est encore plus fort que l’an passé. La Ducati s’est améliorée et Alvaro pilote encore mieux. Il est plus relax. Résultat, il roule tout seul. Nous pouvons nous battre pour le podium, mais pas pour la victoire. Après, tu sais, nous n’avions pas bien commencé la saison en 2022, puis nos résultats se sont améliorés. J’ai mieux roulé. Ce sera peut-être pareil cette année. D’autant que nous n’avons pas fait un mauvais début de saison. Je pense encore au championnat et il n’est pas terminé. Il y a un certain écart au classement, mais nous ne sommes pas très loin. Tout peut encore arriver et je fais de mon mieux à chaque course.

Comment Bautista réussit-il à faire la différence ?

Il arrive à mieux conserver son pneu arrière. Nous, on connaît une grosse baisse d’adhérence après 10 tours, pas lui. J’ai donc deux options : soit je reste avec lui en début de course car j’ai du grip, mais je détruis mes pneus ; soit je n’accélère pas à fond en début de course pour les garder pour les derniers tours. Regarde, c’est exactement ce qu’il s’est passé à Barcelone le samedi lors de la première course. Avec Johnny, qui est dans la même situation, on n’a pas forcé en début de course car on savait ce qui allait se passer. On a tout simplement oublié Bautista, qui est parti devant, pour faire notre course. On était à notre limite. Dans les deux cas, je ne peux pas me battre pour la victoire.

De quoi as-tu besoin pour le battre ?

Premièrement, une moto plus rapide. Dans un second temps, je pense qu’instaurer une règle concernant le poids combiné serait une bonne chose [règle qui a déjà été abandonnée par le bureau permanent du WorldSBK, ndr]. Alvaro est très léger et il ne consomme pas le pneu arrière. Moi, en étant grand, je suis plus lourd, donc la consommation de gomme est plus importante. Seulement, nous ne pouvons pas attendre la règle. On a donc besoin d’améliorer la moto. Et vu les performances des Ducati, pas seulement celle de Bautista qui la pilote à la perfection, on a même besoin d’une nouvelle moto. Et ça, tout simplement pour que le championnat soit plus équilibré, pour les teams et pour les fans. Si les luttes sont plus intenses, les gens vont plus regarder. Pour exemple, en 2021, tout le monde regardait le Superbike car on se battait tout le temps avec Johnny. Aujourd’hui, on ne peut pas se battre avec Bautista, il roule tout seul.

Tu l’as dit à Assen, pour le moment, tu as besoin de la pluie pour avoir une chance de gagner…

Oui, c’est vrai, et c’est bien la première fois que j’espère de la pluie sur une course ! Mais sans ça, on ne peut actuellement pas se battre pour la victoire. Par contre, Johnny serait aussi très fort dans ces conditions. Sauf que sans pluie, tout le monde sait qu’Alvaro a un gros avantage. C’est pour ça que j’ai changé mon approche de la course.

Comment ça ?

Depuis Assen, il y a un nouveau Toprak. Maintenant, je donne tout pour la victoire. J’essaye de l’arrêter, donc je dois attaquer. La victoire me manque trop. Ok, j’ai gagné une Superpole Race, mais ce n’est pas important pour moi. Elle ne fait que dix tours. Je veux gagner la course 1 ou la course 2, une course longue. Je suis passé au stade supérieur du “Toprak Style”.

Oui, tu l’as justement évoqué à Assen, mais qu’est-ce que le “Toprak Style” ?

C’est plus d’attaque ! On a besoin de se battre davantage. Honnêtement, je m’ennuie pendant les courses car je roule seul. Ce n’est pas cool. Je n’aime pas ça. C’est plus sympa quand je lutte avec les autres. Là, je ne peux me battre avec Alvaro que dans les premiers tours. Peut-être que sur certaines pistes, moins agressives pour les pneus, je pourrais y aller à fond pendant toute la course.

Sur un autre sujet, comment s’est déroulé ton dernier test MotoGP ?

Pas trop mal. Mes chronos n’ont pas été incroyables, mais j’ai avant tout essayé de bien m’adapter à cette moto car elle est complètement différente de la Superbike, en plus d’avoir des pneus spéciaux. Puis je n’ai pas aimé la position de pilotage sur la machine, elle n’était pas bonne pour moi.”

Retrouvez son interview complète dans Sport Bikes numéro 137.

On marque des points ?

Maxime Pontreau

Rédigé par Maxime Pontreau

néo rédacteur en chef

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