Danilo Petrucci est unique dans l’univers moto. Après une carrière distinguée en MotoGP, l’Italien s’est illustré sur le Dakar puis en MotoAmerica. Le voici désormais en WorldSBK à gravir des podiums. Petrux possède aussi la particularité d’avoir roulé avec trois manufacturiers différents lors de ces trois dernières saisons. Il peut comparer les Michelin aux Pirelli et Dunlop. Nous avions donc beaucoup de choses à lui demander.
Dakar, MotoGP, WorldSBK, EWC America, peut-on dire que tu es le pilote aux 100 visages ?
”C’est vrai [rires]. Je suis vraiment content d’avoir participé à toutes ces courses. J’aimerais d’ailleurs retourner en MotoAmerica et au Dakar. Le Dakar m’a réellement redonné goût à la moto. Je me rappelle le GP de Barcelone, en 2021. Je venais de vivre une course difficile et KTM ne me faisait plus confiance. C’est là que j’ai décidé que je ne voulais plus courir. Puis je suis allé au Dakar, comme un touriste, et ce fut l’une des plus belles expériences de ma vie. La meilleure et la plus intense, car tu risques réellement ta vie. En même temps, c’était fun. C’est là-bas que j’ai retrouvé mes sensations à moto, le plaisir de piloter. En MotoAmerica, je me suis dit que j’étais peut-être encore bon pour piloter une moto. Et au final, cela m’a amené en WorldSBK. Je veux refaire le Dakar et je veux gagner le titre MotoAmerica, mais premièrement, je dois gagner au moins une course ici. J’en rêve car seulement quelques très bons pilotes ont été capables de remporter des courses en MotoGP et en WorldSBK. Je veux être l’un d’eux. C’est mon rêve le plus profond.”
Rencontres-tu des difficultés particulières en WorldSBK ?
Je suis vraiment en difficulté avec les pneus neufs et les pneus softs. Je suis bon pour piloter la moto avec des pneus usés, après 6-7 tours, mais dans les premiers tours, l’écart est trop grand avec les top pilotes. Ils peuvent freiner plus tard, accélérer plus tôt. Ils réussissent à exploiter l’extragrip des Pirelli. Pas moi, pas encore, car je n’arrive pas à arrêter la moto. Ma vitesse est constante en revanche.
L’exploitation des datas des autres teams pourrait t’aider à trouver la solution ?
Pas vraiment car notre référence est Alvaro [Bautista] et nous ne pouvons pas nous comparer. Alvaro est très en forme et pilote la moto à un autre niveau, mais il uti- lise aussi parfaitement son point fort : sa légèreté. Il peut stopper la moto sur une distance vraiment très courte et peut accélérer très rapidement, tout en ayant une vitesse inférieure au milieu du virage. Il peut faire ça grâce à son poids. Puis, il a un très bon feeling avec le pneu avant. Donc, finalement, c’est mieux de ne pas regarder ce qu’il fait [rires]. Il pilote la moto d’une manière très différente.
Tu dois donc trouver ta propre façon de piloter la Ducati ?
Exactement et cela prend du temps. Depuis que je la pilote, c’est-à-dire depuis l’an dernier en MotoAmerica, j’ai pu voir que c’est une moto très performante quand tout va bien, mais aussi très compliquée quand une chose ne fonctionne pas comme tu le veux dessus.
Ta V4R est-elle très différente de celle que tu pilotais en MotoAmerica ?
En MotoAmerica, j’avais la moto que Rinaldi pilotait en WorldSBK en 2021. C’est donc quasiment la même, sauf qu’elle était chaussée de Dunlop. C’est la différence princi- pale. Je peux dire que c’est la première fois que j’essaye la même moto avec différents pneus et c’est comme piloter une autre machine. C’est incroyable à quel point les réglages sont différents, à quel point elle se comporte différemment sur les freins, en entrée de virage. Il faut tout réapprendre.
Une interview à retrouver en intégralité dans le numéro 138 de Sport Bikes Magazine. Le pilote français Johan Zarco s’est aussi livré dans les colonnes de Sport Bikes 138.
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