Après avoir piloté la meilleure machine du plateau au cours des quatre dernières saisons, Johann Zarco rejoint Honda pour les deux prochaines années. Il pourrait donc être l’atout le plus utile du blason ailé dans sa lutte pour retrouver les cimes du MotoGP. À moins que son deuxième contrat avec une usine ne se transforme en un nouveau cauchemar…
– “Pour la performance pure, pour aller chercher la victoire, rester chez Pramac avec Ducati était la meilleure situation possible, commence-t-il, mais Honda semblait me vouloir davantage. J’ai dû y réfléchir quelques semaines. Seulement, j’ai vu que même en ayant fait de bons résultats pendant trois ans avec Pramac, il était difficile de signer à nouveau. Puis l’offre et la discussion avec Honda et Cecchinello ont été très intéressantes. D’autant que j’ai l’opportunité, à 33 ans, d’avoir un projet pour deux ans. Travailler avec Honda est très intéressant. Évidemment, les deux plans sont très différents, mais je ne pense pas que le projet Honda sera insensé, parce que ce n’est pas une nouvelle marque débutant en MotoGP. Il est clair qu’ils doivent faire des changements, mais je ne serai pas celui qui dira : vous devez changer ceci ou cela. Je ne suis pas ingénieur, je suis pilote. Cependant, je suis le genre de pilote qui essaie d’être régulier. Même si je ne gagne pas de courses, je ne termine pas à la dernière place. Ceci, plus toute l’expérience que j’ai, sera utile pour développer une moto et je serais fier d’être l’un des pilotes qui remet Honda sur le chemin des hautes performances.”
Toutefois, si certains pilotes apprécient le processus très complexe et exigeant qu’est le développement d’une MotoGP, d’autres préfèrent être sur une moto déjà réglée, de sorte qu’ils n’ont besoin de penser à rien sauf à aller le plus vite possible. Dans quel camp se situe Zarco ?
– “Chez Pramac, j’ai toujours fait partie des personnes qui développent la moto.”
C’est ainsi que fonctionnent les usines : elles donnent souvent de nouvelles pièces à leurs équipes B et ne les passent à leur équipe A qu’une fois leur efficacité confirmée.
Retour en 2019. Johann Zarco était pilote d’usine au sein du team Red Bull KTM, mais la relation a rapidement mal tourné. Il avait obtenu ce contrat de deux ans après deux superbes saisons chez Yamaha Tech3 qui, elles, faisaient suite à deux couronnes mondiales Moto2 en 2015 et 2016. Contre toute attente, le Français n’est resté que onze courses au guidon de la RC16, avec pour meilleur résultat une dixième place. Il détestait tellement la moto qu’il l’a abandonnée, même en ayant nulle part où aller.
– “J’ai parlé avec Pit Beirer [le patron du service course KTM] et je lui ai dit : ‘Je suis désolé, ne perdez pas votre temps [avec moi] une année de plus’. En fait, j’avais peur de ne jamais revenir au niveau si je restais là-bas pendant deux ans. Nous traversions une période difficile en essayant de développer la moto et, à ce moment-là, je n’étais pas prêt à relever ce défi. C’était également une période difficile avec mon entraîneur [Laurent Fellon]. Nous ne nous battions pas, mais nous nous disputions. Comme je te l’ai dit, chez KTM, je n’étais pas prêt à développer une moto. J’étais très performant sur la Yamaha, mais aller chez KTM fut un changement trop important. Maintenant, avec quatre années d’expérience supplémentaires, je vois les choses différemment et je suis plus mûr pour relever le défi, développer une moto comme la Honda.”
Craint-il que sa nouvelle aventure avec Honda ne se transforme en une redite de l’épisode KTM ?
– “Je ne pense pas. Je suis beaucoup mieux préparé aujourd’hui.”
Fin 2019, malgré la vitesse démontrée sur la Honda de Nakagami, c’est Ducati qui sauve sa carrière. Les Rouges le placent sur une Desmosedici Avintia en 2020 puis le promeuvent en 2021 dans l’équipe Pramac, soutenue par l’usine, où il est resté depuis, pilotant les mêmes motos que les pilotes de l’équipe officielle.
– “J’avais aussi remarqué que la Ducati était très puis- sante et avait une bonne accélération. Vu que j’avais eu de bonnes sensations sur la Honda, je pensais que piloter la Ducati serait facile. Sauf que ce n’était pas plus facile, c’était juste différent. Il y a une grande différence entre les motos japonaises et européennes. On pourrait penser que la Honda serait plus proche de la Ducati et de la KTM [toutes équipées de moteurs V4], mais en fait la Honda était plus proche de la Yamaha M1 [équipée d’un moteur quatre cylindres en ligne] que j’avais pilotée. La Ducati était la meilleure moto, mais il y a un esprit japonais et un esprit européen. Ces motos ont une âme vraiment différente.”
Alors, qu’est-ce qui rend la Ducati si performante ?
SUITE DE CET ENTRETIEN SPORT BIKES AVEC JOHAN ZARCO DANS LE NUMERO 138 DE NOTRE MAGAZINE.
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