Eric Célis
Maverick Vinales n’a pas craqué. Installé aux avants postes durant tout le week-end, l’officiel Aprilia repart d’Austin en ayant réalisé le carton plein. Pôle, victoire en Sprint, victoire dans le Grand Prix et premier pilote de l’ère MotoGP à s’imposer avec trois marques différentes.
Maverick Vinales dans le dur au départ
Après s’être imposé dans la course Sprint le samedi, Maverick Vinales était le favori logique pour le Grand Prix. Restait à savoir quel serait son choix pneumatique pour les 20 tours à couvrir. Parmi les 6 premiers pilotes de la grille, ils ne furent que deux à opter pour le médium, Pedro Acosta et Vinales donc. Mais encore fallait il s’extraire de la grille aussi bien que la veille pour le pilote Aprilia. A l’extinction des feux Vinales allait pourtant se faire surprendre par son jeune compatriote qui plongeait le premier à la corde du premier virage. Cet envol en demie teinte pour « Batmav » allait avoir des conséquences encore plus fâcheuses dans ce premier virage puisque le pilote Aprilia allait être victime collatérale de la fougue de Jorge Martin qui faisait le ménage au point de corde et obligeait Bagnaia à redresser sa machine entrainant la même réaction chez Vinales qui était contraint de partir au large. Neuvième au premier tour on se disait alors que le doublé était désormais bien compromis.
Maverick Vinales historique vainqueur
C’était mal connaitre la volonté de l’Espagnol qui après avoir mis quelques tours à reprendre son rythme et prendre la mesure de son pneu arrière médium, allait remonter tous ses adversaires les uns après les autres. Devant le spectacle était tout simplement génial avec des passes d’armes d’anthologie entre Acosta, Marquez et Martin sur le fil du rasoir. Trop occupé à se frayer un chemin vers la tête de la course, Vinales ne pouvait profiter du spectacle mais aller en devenir l’un des acteurs principal quelques tours plus tard. Miller, Bagnaia, Martin et Acosta ne pourront rien faire face à l’Aprilia numéro 12 et son pilote qui était tout simplement au dessus du lot ce week-end à Austin. Même en fin de course, Vinales trouvera le moyen de remettre encore un peu de gaz pour tuer tout espoir d’Acosta de pouvoir refaire la jonction. Après plus de 1100 jours de disette, Vinales retrouve le chemin de la victoire et devient le premier pilote de l’ère MotoGP à s’imposer avec trois constructeurs différents. Chronologiquement Suzuki, Yamaha et donc Aprilia. Désormais troisième au classement provisoire, l’Espagnol est à 24 points du leader Martin. De quoi ruminer encore un peu plus les 20 points lâchés dans le dernier tour de Portimao suite à la casse de sa boite de vitesses. Reste maintenant à savoir si ce doublé américain sera le véritable déclic pour Vinales et Aprilia. Si c’est le cas l’Espagnol pourrait bien être un candidat sérieux dans la course au titre. Un candidat seulement, car à la vue du GP des Amériques, il semble que cette saison 2024 soit plus ouverte que jamais.
Pedro Acosta encore une fois incroyable
Il va finir par nous faire tourner fou Pedro Acosta. Après trois Grand Prix on cherche déjà de nouveaux qualificatifs pour décrire la performance du jeune sociétaire du team GasGas Tech 3. Qualifié en première ligne, à l’arrivée de la course Sprint samedi il ne cachait pas sa déception d’avoir terminé au pied du podium. Hervé Poncharal remettait un peu l’église au centre du village en lui rappelant tout de même que pour sa troisième course sprint de la saison il fallait tout de même savourer cette superbe performance. Mais voilà Acosta n’est pas du genre à se satisfaire d’une quatrième place quand il sait qu’il aurait pu prétendre à mieux. De fait dimanche c’est lui qui réalise le holeshot et sans complexe qui donne le rythme aux premiers tours du GP. On se dit alors qu’il va finir par lâcher sous la pression des « cadors » derrière lui mais pas du tout. Attaqué par Marquez et Martin, Acosta réplique sans hésitation comme si il faisait partie du clan depuis de nombreuses saisons. Cette maitrise à 19 ans dans une catégorie qu’il découvre est tout bonnement incroyable. S’il ne pourra pas endiguer le retour de Vinales, Acosta repoussera toutes les autres attaques pour préserver sa deuxième place à l’arrivée. Une nouvelle performance incroyable. Troisième au Portugal, deuxième à Austin, qu’en sera-t-il à Jerez chez lui pour le retour du continental circus en Europe ? On a bien une petite idée mais on ne va pas s’enflammer non plus….
Marc Marquez victime de ses freins
Un qui s’est enflammé et qui a enflammé le tracé d’Austin c’est bien Marc Marquez. Le pilote Ducati Grésini fort de son nouveau podium en course Sprint du samedi savait qu’il avait un coup à jouer sur la course du dimanche. Fait assez rare pour être souligné, on l’a vu s’isoler avant le départ certainement conscient qu’il avait peut être rendez vous avec l’histoire, son histoire, son circuit. Auteur d’un bon départ mais victime lui aussi de la bousculade au premier virage, Marc Marquez va devoir rapidement s’employer pour revenir au contact d’Acosta. La passe d’arme entre les deux compatriotes et même trois si l’on rajoute Martin va être superbe et le circuit d’Austin se soulevant à chaque dépassement de Marquez. Clairement ce dimanche à Austin le favori du public c’était lui. Quelle ferveur dans les tribunes ! Mais voilà en délicatesse avec ses freins en tentant de creuser l’écart sur Acosta qui était en médium à l’arrière alors que lui était en soft, Marc Marquez va partir à la faute en perdant l’avant sur un freinage cahotique et hors trajectoire. Il expliquera plus tard qu’il a du s’y reprendre à deux fois pour obtenir la décélération voulue mais qu’il était trop vite pour prendre le virage. La clameur du public fut à la hauteur de la déception générale, car oui, beaucoup pensaient qu’il allait pouvoir le faire. L’histoire était elle trop belle ? En revanche une chose est sure, Marc Marquez démontre course après course qu’il faudra compter avec lui. Certes pour le championnat ses deux résultats blancs ne lui sont pas favorables comptablement parlant, mais aujourd’hui l’Espagnol n’aspire qu’à une seule chose. Retrouver le chemin de la plus haute marche du podium. Assurément il ne lui manque plus grand-chose…
Martin et Bagnaia un coup de moins bien
Ce petit quelque chose en moins Jorge Martin et Francesco Bagnaia l’ont expérimenté ce week-end à Austin. Le double champion du monde avait pourtant parfaitement débuté son rendez vous texan avouant même que c’était son meilleur vendredi depuis longtemps. Malheureusement pour lui il ne va pas parvenir à trouver le déclic pour trouver le surplus de performance qui lui manquait. Tant dans la course Sprint que lors du GP, Bagnaia va être victime de vibrations et sera en manque de feeling sur l’ensemble des deux courses. Cinquième juste derrière Martin, le double champion du monde limite un peu les dégâts comptablement sur ce rendez vous mais se retrouve désormais 5e au provisoire à 30 points du leader soit quasiment les points d’un doublé sprint Grand Prix. De quoi soulager un peu Jorge Martin de n’avoir pas pu conserver sa troisième place sur le podium. Le pilote Ducati Pramac avait encore démarré très fort son week-end avec dès la première journée un chrono exceptionnel mais ensuite se fut plus compliqué. Troisième de la sprint et donc quatrième du Grand Prix l’Espagnol est un peu passé à coté de son rendez vous texan en voulant trop en faire. Comme Marquez son impulsivité lui a certainement joué des tours ne serait ce qu’en qualification mais l’un dans l’autre Martin reste solidement accroché à la tête du championnat un moindre mal.
Enea Bastianini avance masqué
Si sur le podium Maverick Vinales portait le masque de Batman, Enea Bastianini lui n’en portait pas et pourtant sans faire de bruit le coéquipier de Bagnaia commence à faire son trou dans ce début de saison. Auteur lui aussi d’une belle remonté et d’un beau bras de fer avec Martin pour la dernière place sur le podium, « Bestia » place ses pions et repart d’Austin à la deuxième place du provisoire. Reste maintenant à l’officiel Ducati à se montrer plus performant en course Sprint pour consolider ses Grand Prix efficaces. Avec deux podiums consécutifs dans la course du dimanche Bastianini démontre sa solidité en course. S’il devance Bagnaia au championnat sa deuxième place au provisoire est surtout un signal fort pour sa direction dans l’optique des saisons futures. L’Italien est en fin de contrat et sait parfaitement que son guidon est le plus convoité du paddock. Autant de raisons de ne pas se laisser faire et de mettre tous les atouts de son coté pour permettre à son fantasque manager Carlo Pernat d’avoir de sérieuses munitions dans sa poche.
