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MotoGP d’Aragon : Marquez impérial repart à la conquête

Au MotoGP d’Aragon, Marc Marquez a marqué le maximum de points pour la première fois depuis deux mois. Il semble avoir enfin compris que la partie la plus délicate de la course est le début avec un pneu arrière neuf, et non la fin avec un pneu usé.

Marc Marquez gagne Aragon

Marquez a dominé toutes les séances et la course à Aragon, une performance qu’aucun pilote n’avait réalisée depuis 2015, lorsqu’il avait régné sur le Sachsenring.

Il y a trois mois, Marc Marquez semblait promis au titre MotoGP 2025. Il avait remporté le sprint et la course principale lors du Grand Prix d’ouverture en Thaïlande, puis à nouveau le sprint et la course en Argentine, et encore le sprint lors de la troisième manche aux États-Unis. Puis tout s’est enrayé.

Incroyable mais vrai : sa victoire à Aragon dimanche est sa première en Grand Prix depuis deux mois, depuis sa victoire au Qatar en mars. Mais plus important encore, en arrivant à Aragon, il savait qu’il devait modifier son approche, après être tombé trois dimanches sur les cinq dernières courses : à Austin, Jerez et Silverstone.

C’était une habitude inquiétante. Certes, Marquez était connu pour ses chutes à l’époque de Honda, mais il chutait presque toujours à l’entraînement, en explorant les limites. Cette année, c’est l’inverse.

En 2019, sa meilleure saison à ce jour, il était tombé 14 fois, mais une seule fois en course. Cette année, il est déjà tombé cinq fois, dont trois fois en course. Des chiffres qui ont dû lui faire froid dans le dos.

C’est pourquoi Marquez savait qu’il devait dominer à Aragon. Non seulement pour marquer un maximum de points, mais aussi pour envoyer un message à ses adversaires : son invincibilité. Ses récentes erreurs leur ont donné de l’espoir, exactement ce qu’il veut éviter. Il veut qu’ils soient battus avant même de sortir des stands.

Et c’est ce qu’il a fait durant tout le week-end, devenant le premier pilote à dominer toutes les séances et la course depuis dix ans. Le dernier à l’avoir fait ? Marc Marquez, Sachsenring 2015.

Le grand frère devance le petit frère dimanche, tandis que Bagnaia et Acosta se battent pour la troisième place.

La bagarre pour la 3e place au MotoGP d'Aragon

« Cette victoire était obligatoire pour l’équipe et pour moi », a-t-il déclaré après son 66e succès en MotoGP. « Pourquoi ? Parce que si je veux me battre pour le titre – d’accord, je suis en tête avec un avantage sur Alex [Marquez] et Pecco [Bagnaia] – mais sur deux circuits qui me réussissent normalement – Austin et Jerez – j’ai perdu 50 points. C’est là qu’il faut continuer à travailler. »

Que doit-il donc améliorer ? Jusqu’ici, il a commis deux types d’erreurs : un manque de concentration à Austin et un manque de prudence dans les premiers tours à Jerez et Silverstone (où il a eu beaucoup de chance que la course soit relancée).

Sa première chute dominicale, à Austin, est due à un simple relâchement. Il était largement en tête, contrôlait la course, mais a élargi au virage 3, est monté sur le vibreur mouillé au virage 4 et a chuté.

Les premiers tours de chaque course sont très délicats pour Marquez à cause du combo Ducati GP25 et du pneu arrière Michelin actuel, introduit la saison dernière. Ce pneu a battu de nombreux records l’an passé, mais génère tellement d’adhérence à l’arrière qu’il déséquilibre la moto à l’entrée des virages, réduisant le grip sur l’avant.

Cela a compliqué la vie de Bagnaia et Martin l’an dernier, qui ne roulaient plus sur le fil du rasoir mais sur la lame même.

« Le nouveau pneu arrière est fantastique », déclarait Bagnaia l’été dernier. « Mais il nous fait chuter davantage car l’arrière pousse trop l’avant. »

Le problème est accentué par la Ducati d’usine 2025, qui manque de retour d’informations sur l’avant. Ainsi, les pilotes GP25 peinent non seulement à gérer la poussée de l’arrière, mais aussi à sentir les limites de l’avant, ce qui rend les glisses difficiles à rattraper. C’est pourquoi Bagnaia et Di Giannantonio souffrent cette saison, et même Marquez, pourtant maître du contrôle de l’avant, a été en difficulté.

Le premier double podium dominical de Ducati depuis le Qatar — soupir de soulagement pour Gigi Dall’Igna et son équipe.

Marc Marquez et toute son équipe Ducati Lenovox au MotoGP d'Aragon

À Aragon, Marquez a donc été plus prudent que jamais dans les premiers tours. Bien sûr, il a pris la tête, mais sans chercher à creuser l’écart immédiatement.

« J’essayais de gérer les pneus au début », a-t-il expliqué.

En d’autres termes, pour Marquez, le moment le plus dangereux de la course est lorsque le pneu arrière est neuf. Son adhérence est alors si élevée qu’il risque de déstabiliser l’avant. Il lui faut donc attendre quelques tours que l’arrière perde un peu d’adhérence pour attaquer sereinement les virages.

S’il a enfin assimilé cette leçon, c’est peut-être le vrai tournant de sa saison vers le titre.

Aragon a aussi montré qu’il travaille sur ses problèmes de concentration, même s’ils ne sont pas totalement réglés.

« Aujourd’hui, j’étais très concentré », a-t-il déclaré. « Quand il restait sept, six, puis cinq tours, j’ai repensé à mon erreur d’Austin. Je me suis dit : comment gérer la situation ? J’ai regardé les chronos, je tournais en 1’47″ bas sans être totalement concentré, alors j’ai accéléré un peu pour retrouver la concentration. »

Maintenir son rythme est devenu crucial en MotoGP. Toujours à cause du déséquilibre entre l’avant et l’arrière : lever le pied augmente le risque de survirage. Les MotoGP modernes se pilotent ainsi en permanence sur un fil, sans répit, même dans les derniers tours.

La troisième place de Bagnaia à Aragon est son premier podium dominical depuis Jerez, où il avait terminé derrière le jeune Marquez et Fabio Quartararo.

MotoGP d’Aragon : Bagnaia lors des essais au MotoGP d’Aragon — le passage à des disques de frein de plus grand diamètre semble avoir résolu ses soucis à l’entrée des virages.

Bagnania au MotoGP d'Aragon pour la 3e place.

Le résultat est important, mais la manière l’est encore plus. Le champion 2022/2023 connaît une saison 2025 très difficile : aucune victoire en 16 courses (sprints et Grands Prix), et souvent dominé par les Ducati de l’an dernier.

Son problème vient du manque de sensations avec l’avant de la GP25, problème que son coéquipier parvient en grande partie à contourner.

Depuis les essais hivernaux, Ducati essaie de régler ses soucis en modifiant la géométrie, l’équilibre de la moto, le frein moteur, etc. Finalement, samedi soir, son chef mécanicien Cristian Gabarrini a proposé un changement de spécifications de frein avant.

Comment cela peut-il améliorer le ressenti de l’avant ?

Bagnaia ne pouvait plus utiliser sa technique habituelle d’entrée de virage rapide car il ne sentait plus la limite. Tantôt il attaquait fort, tantôt il chutait sans aucun signe avant-coureur.

L’idée de Gabarrini : lui donner un meilleur ressenti via le frein avant. Ainsi, lorsque Bagnaia sent la roue avant bloquer ou glisser en freinant et en dégressif, il peut mieux moduler la puissance de freinage et éviter la chute. Les pilotes et ingénieurs MotoGP disposent de dizaines de combinaisons possibles de disques, étriers, plaquettes et maîtres-cylindres Brembo. Pas facile de trouver la bonne. Des disques de plus grand diamètre augmentent la puissance de freinage, permettant de freiner avec moins de pression sur le levier. Plutôt que de tirer fort sur le levier, Bagnaia peut désormais doser avec plus de finesse.

« On parle de détails », a expliqué Bagnaia dimanche. « Notre moto est similaire à celle de 2024 et je lutte là où j’étais très fort l’an dernier. On a donc choisi de passer à des disques plus grands et c’est mieux. »

Gabarrini et Bagnaia n’ont donc pas résolu le problème de châssis de la GP25, mais trouvé un moyen de le contourner.

Tous deux espèrent que la solution fonctionnera lors de la prochaine manche au Mugello, où Bagnaia a remporté les trois derniers Grands Prix et les deux derniers sprints.

Ce sera donc un week-end crucial, aussi bien pour Bagnaia que pour Marquez. Bagnaia voudra stopper l’hémorragie, Marquez voudra asseoir sa domination.

Texte du Doc Mat Oxley

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Team SB

Rédigé par Team SB

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